Une sur dix

UNE SUR DIX

EDITO

Le viol a quelque chose du deuil. Il s’accroche et se décroche de vous sans raison ni conscience, il ne s’en va jamais vraiment.

Le viol possède plusieurs étapes, plusieurs stades, ceux qu’on avale, ceux qu’on digère, ceux qui restent coincés dans l’œsophage et qu’on ira, de temps à autre, rechercher avec les doigts.

Une distorsion. Un corps calciné sur un autre, et cette odeur de consentement cramoisi qui ne cesse de se déchirer sous sa langue.

Soudain ta main paraît si vaine, et ta volonté si fragile. Ça t’en cisaille les nerfs d’indifférence. Et l’on se voit alors du dessus, un reflet vide dans la lame nue, un interstice forcé, épris. Le visage d’une âme coupable déjà coupée par l’amertume.

Le viol est de ces choses qui, dans un moment, vous donne l’envie irrépressible et salvatrice de vous cracher jusqu’au visage. Qui sollicite votre confiance, juste pour mieux la scarifier.

Il nous incite ensuite à nous demander pourquoi, à ne plus comprendre et ne plus vouloir. Ni oui, ni non, n’auront jamais de certitude. Et c’est ainsi, ça en devient presque fatal.

Prendre un corps sans permission, c’est manger l’esprit jusqu’au suicide, racler la chair jusqu’à l’os de l’espoir viscéreux, c’est introduire en nous l’acide cancéreux du respect écaillé pour en claquer nos boîtes crâniennes à coup de « désolé ».

Ombre Anatkh

Vide, complètement, totalement vide.
Comme si le temps était gelé.
Le silence et le vide.
Plus aucune pensée.
L’innocence arrachée.
Ce jour-là tu m’as tué.

Elle s’est installée progressivement, elle tente de me contrôler.
Maintenant constamment présente, elle ne me laissera jamais oublier.
Résiste !
Elle m’entraine.

J’implose.

Pardon.

J’ai menti à beaucoup.

La vérité sur ma dépression :
Je vis avec la peur constante de le croiser, où que je sois. Je fais au minimum une crise d’angoisse par mois. Ces crises d’angoisses sont la plupart du temps causées par les examens. Je les sens arriver et guetter la moindre faille.

Des images reviennent en mémoire n’importe quand. J’ai des crises de violence envers moi. Des moments de doutes intense pendant lesquels je suis plus seule que jamais, où je ne sais plus rien.

J’ai des nausées quasiment constamment.

Le plus lourd fardeau est l’envie de tout abandonner, laisser tomber, mourir. Je me bats pour ne plus tomber et renaitre.

Mes émotions sont gelées, mes pensées accaparées par ce jour.

Il parait que je vais mieux.

Je crois que c’est vrai.

Maintenant je dois me laisser penser, me laisser pleurer.
Mon cœur est moins lourd sans être léger.

Il ne reste plus qu’à laisser l’amertume se consumer.

Merci,

A Hugo pour être mon plus grand pilier, sans toi je serais morte aujourd’hui.
A Mathieu pour m’avoir fait définitivement sortir du déni, grâce à toi j’ai compris que c’était un viol.
A Papa, Maman et Gabrielle pour m’avoir supporté sans rien savoir, votre soutien me donne la force.
A Guillaume et Tim pour avoir joué les rôles de petits anges sur mon épaule, vous me rendez le sourire.
A Mathieu pour avoir eu de l’intérêt pour le projet vague d’une petite modèle et de l’avoir rendu réel.

Enfin, merci à tout ceux qui ont bien voulu écouter mon histoire chaque fois que j’en avais besoin.

Témoignage et modèle : Myriam

Rédactrice édito : Ombre Anatkh

Photographe : Westmat Photographie

 

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