Nous sommes

NOUS SOMMES

Il était une fois par une matinée ventée et glaciale...

Six individualités face à l’océan et des histoires de corps et de cœur à raconter. 

Le concept

Une rencontre filmée par la talentueuse Victoire de Blasset et des portraits d'humains. Les volontaires répondent librement à une question "simple" : quel est le rapport que tu entretiens avec ton corps ?

Vous trouverez sur cette page une compilation de leurs réponses. Des parcours différents, souvent accidentés physiquement et/ou psychologiquement, mais qui témoignent d’une même force de résilience.

Le corps. Notre corps. Une enveloppe que l’on cache si souvent qu’elle s’invisibilise à nos propres yeux. Pourtant elle nous porte au quotidien, bon compagnon qu’elle est de nos premiers pas, de nos doutes et de nos joies. Ce corps, cet ami qui nous tiens la main. Qui hésite aussi, qui failli parfois. Ce corps. Ton corps. 

Yolande

Le corps, objet de tous les désirs et de tous les fantasmes, idéalisé ou détesté.
Ce corps, mon corps. Je l’aime. Je l’aime grâce à mon père.
Lorsque j’étais adolescente, mon père me disait avec son air bourru « pourquoi tu te mets toute cette peinture sur ton visage et sur tes ongles, tu es bien plus belle au naturel ». J’ai compris des années plus tard combien il me trouvait belle, moi sa fille. Grâce à lui, je me suis toujours sentie bien dans ma peau, dans mon corps.
Ce corps parfois si malmené mais toujours là. Ce corps qui ne m’a jamais laissé tomber. Ce corps qui bouge, avec toute l’audace de la joie de vivre.
Ce corps qui porte les stigmates de la maternité sur le ventre, tatouage indélébile que j’assume avec fierté, preuve de la naissance de mes deux filles devenues de magnifiques jeunes femmes aujourd’hui.
Ce corps marqué par les multiples cicatrices d’un accident de la route.
Ce corps qui a réappris à marcher une deuxième fois avec ténacité et persévérance.
Ce corps qui se relève encore plus fort après chaque épreuve, comme invincible.
Ce corps que j’habite depuis tant d’années, complice de chaque instant et témoin de tous les bonheurs de ma vie.

Nalick

Mon rapport au corps ? Il me porte et c’est tout. J’en abuse parce que je suis jeune. Je tire sur
la corde. Il me dit qu’il est fatigué et moi je lui dis encore. Plus vite, plus fort, encore. Alors, bien
sûr je suis fatiguée mais je me dis qu’il récupèrera. Il récupère toujours. En tout cas, pour le
moment.


Je ne suis pas souvent malade, je n’ai pas mal, je ne souffre pas à cause de lui. J’appréhende
quand ces moments arrivent. J’ai l’impression que je ne le maîtrise plus, qu’il n’en fait qu’à sa
tête. Après tout, je n’en fais qu’à ma tête avec lui il me le fait surement payer de cette façon.
Lui et moi c’est parfois un rapport de dominant-dominé. L’esprit domine et le corps doit suivre.
En tout cas, c’est ce que je croyais avant de faire un burn-out. Mon corps n’a plus voulu suivre.
Je me suis sentie trahie, mais en fait c’est lui qui tentait de me sauver. Il m’envoyait des signaux,
des alarmes, des panneaux rouges avec le mot « STOP ». Je les perçois mais je ne veux pas
toujours y prêter attention. Cette fois-ci, je n’ai pas eu le choix. Il a dit « STOP » et c’était non
négociable.


Alors mon esprit s’est mis en pause et mon corps a pris les commandes. Il voulait se reposer,
alors l’esprit et lui devaient se reposer. Je ne pouvais plus le dominer. Il fallait appréhender ce
corps autrement. Ne pas lui imposer toutes les ambitions de l’esprit. Communiquer avec lui.
Ecouter et prendre en compte les signaux qu’il m’envoi. Ne plus l’inhiber quand les signaux ne
me plaisent pas. On travaille ensemble lui et moi. Il me porte et j’essaie de faire en sorte qu’il
me porte le mieux possible.

Maïssa

Le rapport à mon corps est simple, je l’aime. C’est le reflet de mon âme et de mes convictions. Je suis une personne pudique mais sans complexe. Le nue artistique m’a apprit a connaître plus en profondeur mon corps et à oser ce que je n’aurais jamais fait il y a quelques années par peur des regards. Maintenant, je me sens à l’aise et je l’aime encore plus. Cela fait maintenant plus de trois ans que j’ai rompu avec les ‘ codes ‘ de la société. J’apprécie mes poils, mes cicatrices, mes vergetures et tout ce qui rend mon corps beau et unique. J’apprécie de ne plus être dans les critères de beauté que le monde nous force à avoir. J’aime mon corps, ma vie et le fait d’être libre de envies et de mes choix.

Francesca

Le rapport que j’ai avec mon corps est probablement l’une de mes plus grandes fiertés d’évolution.

Ma recherche d’intégration dans la société dès mes premières années scolaires s’est couplée d’une haine progressive de mon apparence physique. Je prenais à cœur toute remarque qui m’était faite et les intégrais comme des défauts à corriger à tout prix.

« Qu’est-ce que tu es maigres ! », « Tu es forcément anorexique. », « De toute façon, tu as un petit cul », « Tu as vendu tes seins ? », « Tu ne devrais pas mettre tes cheveux derrière tes oreilles, tu ressembles à Dumbo ! ».

Tous ces « tu » résonnaient comme des attaques que je ne pouvais parer. J’ai alors commencé à cacher mes oreilles, à rembourrer mes soutien-gorge, à manger pour 4 et à surveiller la moindre perte de poids. Pire encore, j’ai refusé mon reflet dans le miroir. Pendant des années je me pressais en sortant de la douche afin de couvrir au plus vite cette chose taboue qu’était mon corps. Je ne voulais en aucun cas le voir. Je ne parle même pas de regarder mais bien de voir ; apercevoir !

Ce n’est que très tardivement que j’ai commencé à travailler sur ce complexe.

La première fois où je me suis regardée, je devais avoir 16 ans. C’est également la période où j’ai commencé à découvrir ma sexualité. Cette exploration et mon cheminement d’acceptation se sont mêlés et portés l’un l’autre. A l’âge de 17 ans j’ai commencé à me trouver belle, ce qui était un premier pas. Cette étape m’a permis de développer l’amour propre que chacun devrait avoir. Ce n’était cependant pas suffisant puisque cet amour était directement lié à un critère de beauté. Je continuais donc à ne m’apprécier qu’à travers des éléments superficiels et souffrais toujours autant des défauts que je pouvais m’attribuer.

Une rencontre déterminante, lors de mes études supérieures m’a appris à m’aimer pour ce que je suis. A aimer mes « défauts » et surtout, à m’aimer en me passant du regard d’autrui.

A l’âge de 19 ans, je suis devenue modèle photo et notamment de nu. Cette étape est venue affiner ce cheminement. Dans un premier temps, elle m’a permis d’affirmer ma féminité et dans un second, de la déconstruire. Le fait d’apprendre à maîtriser mon image et de peu à peu, déterminer ce que je voulais y associer, a goupillé l’affirmation de la femme que je suis ; tant physiquement qu’intellectuellement. Grâce à une rencontre faite dans le cadre de mon activité de modèle, j’ai compris que je passais mon temps à me censurer alors qu’il pouvait (et devait même !) en être autrement. Mon apprentissage social m’avait formatée à privilégier les besoins des autres au détriment des miens.

Vidéaste : Victoire de Blasset

Modèles : Ariana, Francesca, Julien, Yolande, Nalick et Maïssa

Photographe : Westmat Photographie

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